Foncebadòn – Ponferrada

Le Puy-en-Velay - Santiago de Compostela 2009

Foncebadòn, c’est quelques ruines aménagées en gîtes au sommet d’une montagne, c’est un bled coincé entre deux lignes à haute-tension. Pourtant, je retiens une adresse pour les futurs passants, le Mesòn Médiéval où j’ai très bien dîné (quantité et qualité) à un prix raisonnable.

Quand le soleil se lève en altitude, la pureté de l’atmosphère rend toujours l’instant spectaculaire. Pas un nuage, l’horizon à l’Est se charge de toutes les couleurs de l’aube, apparaît “Lorenzo“ (Ra en Aragòn), il est temps d’embrayer pour attaquer la côte qui doit m’élever jusqu’à 1490m. Une idée m’est venue pendant la nuit, puisque mon petit compact numérique ne veut rien entendre, je peux essayer de trouver un marcheur équipé d’un appareil qui accepte la même carte mémoire et lui demander de me laisser faire, au moins, une photo symbolique de la journée. Je suis l’un des premiers à atteindre le col et je commence ma quête. Au bout d’une demi-heure, une jeune Asturienne me prête son petit Fuji, j’y introduis ma carte, et elle me propose de me photographier prés de la “Cruz de Ferro“. Je ne suis plus bredouille. J’ai une image pour illustrer le récit de la journée.
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Je reprends ma route, magnifique. Pendant quelques kilomètres, je chemine sur une crête couverte de bruyères. À gauche, mon regard plonge dans une vallée abrupte avec, en face, sur l’autre versant, un tapis de genêts aux abords d’un hameau et un rang d’éoliennes planté tout en haut. Cela me change de la Meseta, morne plaine. Quel dommage de ne pas pouvoir vous faire profiter de ce panorama. Je sors, machinalement, le récalcitrant de sa poche et voilà qu’il fonctionne à nouveau. J’en profite et, avant qu’il ne change d’avis, je fais près d’un kilomètre en immortalisant tout ce qui bouge.
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Puis, comme je suis au sommet et que j’aperçois Ponferrada dans la plaine au loin, il va bien me falloir descendre. Et ça commence plutôt sec. En appui permanent sur mes bâtons, j’essaie d’atténuer l’impact des 13 kilos de mon sac à dos sur mes genoux de vieux. Je ne cours pas, des jeunettes me doublent en souriant (rira bien…), et j’atteins sans dégâts apparents El Acebo. Les tuiles ont laissé place à de l’ardoise, l’architecture est totalement différente, je sens que les Asturies et la Galice Celtes ne sont plus bien loin. Sur la place, un “gaitero“ joue de son instrument (cornemuse) et c’est, du coup, encore plus évident.
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La pente reprend et je dévale, tant bien que mal, les 500 mètres de dénivelé pour finir sur les berges du rio Meruelo, au pied du pont médiéval de Molinaseca. Des dizaines de pèlerins se détendent, les pieds dans l’eau, je choisis de pousser jusqu’à Ponferrada, 7 kilomètres plus loin. Il est 13h30, il fait plus de 30° à l’ombre, je n’ai plus qu’à penser à autre chose et à attendre que ça passe.
Deux mois sur le Chemin et 1400km effectués, je finis par savoir gérer ce type d’effort.

Samedi 13 Juin 2009, cinquante cinquième étape.
Ponferrada – Villafranca del Bierzo
24,7km, 6h00 de marche.


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