Mensuel Archives: novembre 2011

Conseil de lecture

La lecture d’un blog commence toujours par l’article le plus récent donc, ici, par mon arrivée à Saint-Jean-du-Gard. Si vous souhaitez lire l’ensemble de mes chroniques en respectant la chronologie de mon périple, descendez en bas de page et cliquez sur le lien « articles précédents ». Renouvelez l’opération jusqu’au début de l’aventure et au premier texte daté du 25 octobre 2011.

Coups de cœur – coups de gueule

D’abord, un vrai coup de cœur pour ces couleurs automnales que j’espérais et que j’ai trouvé, plus particulièrement dans la dernière partie du chemin. Mais peut-être que l’exubérance chromatique des sous-bois de Cassagnas était simplement due à une plus grande avancée dans la saison.
Coup de cœur pour tous ceux qui, comme Adrien Pouchalsac (La bestia) et Bruno Hallauer (L’hermine de rien / Arentelle) bataillent pour faire vivre en région des structures culturelles originales.
Un coup de cœur pour l’initiative intercommunale qui a permis d’ouvrir un superbe gîte au Bouchet – Saint-Nicolas.
Coup de cœur pour les deux seules chambres d’hôtes (encore ouvertes début novembre) qui m’ont magnifiquement reçu. Le Mimentois, dont l’accueil et le confort sont parfaits, la ferme des Passadoires où j’ai apprécié la convivialité et la cuisine généreuse de Cécile.
Passage de l’Hérault en crue à Agde.
Trois coups de gueule pour trois hôteliers qui ont oublié l’essence de leur métier, l’accueil. Hautains, caractériels, peu conviviaux, manquant de générosité, il s’agit des responsables de l’hôtel Gaillard (Langogne), de l’hôtel de France (Chaudeyrac) et du Recantou (Saint-Germain-de-Calberte).
De nombreux touristes étrangers viendront, prochainement, visiter notre pays pour en découvrir le patrimoine immatériel, c’est-à-dire notre qualité de vie (d’accueil), et notre gastronomie. J’imagine l’ampleur de leur déception s’ils ne rencontrent que des professionnels aussi peu adaptés à leur mission.

Les Passadoires – Saint-Jean-du-Gard

Pour ne pas avoir lu les textes de Stevenson, ni le topoguide jusqu’au bout, je ne savais pas que le voyage du couple Modestine Robert-Louis s’était achevé à Saint-Jean-du-Gard et non à Alès (c’est vous dire avec quel sérieux je prépare mes expéditions)… Donc, ce jeudi matin, contre l’avis de Cécile, notre gentille hôtesse des Passadoires (http://la-ferme-des-passadoires.com/) qui s’inquiète à l’écoute des différents bulletins météo (vigilance orange), 3 “dingos“ se lancent dans la tempête.

Christophe, le géant bernois souhaite suivre le GR70 qui passe par le Col de Saint Pierre. Plus prudent, pour avoir lu que la descente du port est dangereuse par temps de pluie, j’opte pour effectuer les 13 derniers kilomètres de mon chemin sur le goudron de la D983. Serge, à Saint-Etienne-Vallée-Française tentera de retourner en stop récupérer son véhicule laissé à Cassagnas, l’avant-veille. Nous nous séparons, il est 9h30.

La pluie redouble, accompagnée de violentes rafales de vent. Après avoir passé le hameau du Martinet, à l’abri sous un arbre, j’aperçois Christophe circonspect. Il a bien essayé une portion boueuse du GR qui surplombe la départementale en la longeant mais, revenu sur l’asphalte, il contemple le sentier transformé en torrent qu’il doit emprunter. Mon arrivée finit par le convaincre et il décide de terminer son périple par la route.

Il faut savoir s’adapter aux circonstances exceptionnelles de cet “épisode cévenol“ et faire preuve d’humilité face à une nature en colère. En courbant l’échine, en avançant difficilement dans les bourrasques, nous terminons notre voyage à pied, satisfaits. Il est, tout juste, 13h quand nous atteignons la Mairie de Saint-Jean-du-Gard.

Cassagnas – Les Passadoires

Un brouillard opaque entoure le Mimentois (www.lemimentois.fr), chambre d’hôte où nous avons été particulièrement bien reçus. C’est mon unique coup de cœur du chemin, accueil sympa, chambres parfaitement bien étudiées et réalisées, wifi simple d’accès, repas et petit-déjeuner généreux. Un conseil, organisez votre parcours pour y faire halte. Autant faire travailler les hôtes sympas qui savent accueillir leurs clients.

En compagnie de Christophe, un géant suisse débonnaire, le p’tit déj traîne en longueur. Il pleut déjà et le brouillard n’incite pas à lever le camp. Il est 9h30 (Christophe est déjà parti) quand nous mettons en route.

Comme cela fait des mois que je n’ai pas vu mon pote Serge qui est venu s’essayer au voyage à pied, nous avançons tranquilles en papotant sous nos ponchos. Aux intersections, quand nous doutons de la direction à suivre, tels de vieux sioux, nous recherchons dans la boue les empreintes imposantes de Christophe. Et ça marche !…


Quelques photos plus loin, nous franchissons le Col de la pierre plantée, puis redescendons vers Saint-Germain-de-Calberte. Il est autour de 14h quand nous décidons de marquer une pause pour avaler les sandwiches que nous a gentiment préparés la Mimentoise. Délicieux.

Comme il n’a pas cessé de pleuvoir, nous nous sommes installés à l’abri, sur la terrasse du Recantou, un gîte-restaurant fermé pour quelques jours. Nous aurions préféré le trouver ouvert, mais c’est encore une fois la faute à pas de chance… Cela ne fait pas 5 minutes que nous sommes installés que le patron, agressif, tente de nous déloger en nous indiquant, plus bas, sur une place, des bancs publics. Nous ne bougeons pas et continuons nos casse-croûte en silence, sidérés. Comment un professionnel qui réalise la plus grande partie de son chiffre annuel avec les marcheurs peut-il se montrer aussi peu convivial avec deux d’entre eux, réfugiés sur sa terrasse, un jour de fermeture? C’est schizophrénique !… Autre conseil, évitez le Recantou !… Si l’accueil vous semble sympathique, méfiance, ce n’est sans doute qu’un fragile vernis.

Il est 16h30 quand nous atteignons la ferme-gîte des Passadoires, reconnue pour ses fromages de chèvres. Ce soir, je sens que je vais me régaler.

Dixième et dernière étape, Jeudi 3 novembre, Les Passadoires – Saint-Jean-du-Gard,16km

Avis de tempête

La météo peut se tromper (elle est coutumière du fait) mais les prévisions pour les trois dernières journées de ce chemin sont pourries. En fait, le temps sera plutôt beau partout, sauf au-dessus de nos têtes. Pluies aujourd’hui, orageuses et fortes demain et vendredi. Et quand on sait ce que veut dire pluie forte dans les Cévennes, on peut s’attendre à se faire rincer copieusement. Mais ça fait partie du jeu… Et, qui sait, peut-être aurai-je encore quelques beaux sous-bois mouillés à vous proposer?…

Serge, ami de longue date et toujours intéressé par de nouvelles expériences, a choisi de m’accompagner jusqu’à Saint-Jean-du-Gard. Pour un coup d’essai, cela risque d’être un coup dans l’eau. Mais cela ne lui fait pas peur, il vit depuis bientôt dix ans sur un voilier en Méditerranée et les conditions difficiles, il connaît.

Le Pont-de-Montvert – Cassagnas

La pénurie d’hébergement continue de m’agacer et je décide de “shunter“ la boucle de Florac par mesure de rétorsion. C’est ma façon à moi de protester et de faire la grève du chemin…
Arrivé au col de la Planette, je descendrai direct sur Cassagnas par le GR72.

Pas un mètre de chemin plat pour s’échauffer, l’ascension du plateau de l’Hermet commence devant l’auberge des Cévennes où j’ai passé la nuit. Plus je progresse dans la pente et plus le brouillard s’épaissit. Au sommet, je devine une lande trouée de blocs de granit et peuplée de vaches paisibles.

Dans cette ambiance cotonneuse, lavé de ses rares éléments de modernité, le chemin retrouve son caractère ancestral. Je me retrouve projeté sur un chemin médiéval, dans un silence pesant.

Après ce faux plat, commence une nouvelle descente dans l’ambiance colorée des forêts de hêtres, jusqu’au pont qui enjambe le Martinet. Ce n’est qu’ensuite que débute l’ascension du col de la Planette. Ici, pas de lacets, les pistes sont forestières, abruptes et droites, elles vont au plus court.

Une fois atteint le sommet, une erreur de lecture du topoguide m’envoie sur une fausse piste. La pluie est venue accompagner le brouillard et il ne fait pas bien chaud. La lumière est glauque, l’ondée devient averse et, sans visibilité, je me suis perdu. Un réservoir situé en bordure du chemin me permet de me repérer sur la carte. Ça y est, je sais où je suis!… Je reprends ma route sur des pistes défoncées par des hordes de sangliers. Je touche, enfin, au but après 6 heures d’effort, trempé mais heureux, je me suis explosé la rétine de plaisir.
Jugez plutôt…






Pour répondre à plusieurs d’entre-vous, je travaille, sur ce voyage, exclusivement au Fuji X100.

Quelques centaines de mètres avant d’atteindre Cassagnas, je croise mon premier châtaigner, majestueux, planté sur le bord du chemin comme pour m’accueillir sur son territoire. Je suis bien en Cévennes, pays de la castagne, des Camisards et des reboussiers.

Neuvième étape, Mercredi 2 novembre, Cassagnas – Les Passadoires,19km