Arrés – Ruesta

Le Puy-en-Velay - Santiago de Compostela 2009

Après une nuit passée dans la chaleureuse ambiance de l’auberge des pèlerins d’Arrés (nous n’étions que huit), le jour se lève dans toute sa splendeur. Pas un nuage pour tacher le grand bleu. II est 7h20, je suis le premier à me mettre en route pour mieux profiter de la lumière du petit matin.
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Face à moi, le village de Berdùn est perché sur son promontoire. Je lui tire le portrait, spécialement pour la famille Gutierrez qui y possède un pied-à-terre. J’enchaîne ensuite, passant au pied de Martes (le bien nommé en ce 19 mai), puis de Mianos, pour atteindre enfin Artieda. J’ai passé la matinée à photographier des fleurs bleues, jaunes, mauves, rouges, j’en ai pris plein les mirettes, je n’ai pas vu le temps passer.
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Tous mes colocataires m’ont rejoint, puis dépassé. La chaleur monte, il est près de 13h00, quand j’entre dans l’auberge d’Artieda.
Accueil glacial, je ne m’attarde pas.
“Una media tortilla y una cerveza para almorzar“, je fais le plein du bidon d’eau, je passe par la mairie pour me connecter et envoyer l’article d’Arrés. Il n’est pas 14h00, me voilà reparti. Plus que huit kilomètres et demi, annonce le guide. Je ne sais pas si c’est l’effet de la tortilla, de la cerveza, de la chaleur ou des trois conjugués, mais c’est 8,5km vont me paraître bien longs. Pas qu’à moi d’ailleurs, mes compagnons ont eu, eux aussi, la même impression. Mais ils avaient également eu droit au même menu, donc ça ne compte pas…
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Heureusement, après de longues lignes droites sur l’asphalte (en plein cagnard) le Chemin nous entraîne sur un étroit sentier qui se faufile dans un bois de jeunes chênes, en bordure de la retenue de Yesa. Il y fait plus frais. Malheureusement, je n’ai plus d’eau, je ne vois plus rien du paysage alentour, j’ai l’impression d’avoir raté une direction, ça n’en finit plus.
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Enfin un panneau directionnel et, juste derrière, j’aperçois les ruines du château de Ruesta.
L’auberge de Ruesta présente l’originalité d’être gérée par la CGT espagnole. De ce côté des Pyrénées, la CGT est un syndicat minoritaire, issu d’une scission avec l’historique CNT, mouvement anarchiste connu pour avoir tenu un rôle important pendant la guerre civile. Il faut savoir que les bâtiments rénovés du gîte sont propriétés de la CHE (Confédération Hydraulique de l’Ebre) qui gère les différents barrages et ouvrages d’irrigation de la région.
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Et c’est cette même CHE qui a confié l’entretien et la gestion de cet accueil de pèlerins à la CGT. Dans ce mariage de la carpe et du lapin, la CHE entend élever la hauteur du barrage de Yesa de 14 mètres et, principal opposant, la CGT mobilise toute la région pour que ce projet tombe à l’eau. Amusant, non ?…
Ceci étant dit, l’établissement est parfaitement tenu.

Je profite, ici, de l’occasion pour rendre hommage à certains restaurants d’entreprises (en France) qui étaient gérés par des agents CGT (détachés) jusqu’à ce que soient lancés des appels d’offres récupérés par des groupes de restauration industrielle.
Résultat, baisse de qualité dans un premier temps, puis augmentation du coût des repas, le tout au préjudice des employés.
Et les dirigeants de ces mêmes entreprises, pour avoir souhaité récupérer les emplois détachés au prix d’une dégradation d’acquis sociaux, comprennent mal que leurs agents, à leur tour, ne sachent plus faire preuve de générosité dans leur boulot.
Cela s’appelle, manquer de lucidité!…

Mercredi, 20 mai 2009, trente-quatrième étape.
Ruesta – Sangüesa
22,4km, 5h30 de marche.


4 Réponses pour “Arrés – Ruesta”

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