Ruesta – Sangüesa

Le Puy-en-Velay - Santiago de Compostela 2009

La météo annonce près de 30 degrés et, bien que l’étape soit courte, cette journée va constituer pour moi un premier vrai test “chaleur“.

Je quitte Ruesta, village dépeuplé et gîte “anarchiste“ en compagnie de deux Basques nationalistes. Il fait frais, l’ascension d’un petit col de 6,7km commence dans la fraîcheur d’un bois de chênes, tout va bien…
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Anton, un Allemand de Francfort (62 ans) me rattrape. Nous communiquons en anglais. Nous nous suivons depuis deux jours et je commence à en savoir un peu plus sur son périple. Parti, de chez lui, le 1er mars, il entend arriver à Santiago à la mi-juin au terme d’un parcours qui avoisinera les 3000 kilomètres. Un accident cardiaque, lorsqu’il était au sommet de sa carrière professionnelle, lui a fait prendre conscience de l’importance de sa famille et de ses responsabilités. Il a, alors, décidé de recentrer sa vie sur cet essentiel. Première action de grâce et premier pèlerinage en 2000, depuis Saint Jean Pied de Port. Et cette année, étant retraité et disposant de plus de temps, il a choisi de partir de chez lui comme un pèlerin du Moyen Age .
Ce type de pèlerinage au long cours n’est pas rare.
Nous sommes arrêtés au bord du Chemin pour faire quelques photos de la retenue de Yesa, dans la vallée, quand surgit “Marathon man“, un quadra belge, grand, costaud, parti de Bruxelles et qui entend pousser jusqu’à Fatima (Portugal) après avoir remercié Saint Jacques. Je l’appelle “Marathon man“ parce qu’il a pour habitude d’enchaîner des étapes de 40 kilomètres (et plus), à un rythme infernal. Son rêve, partir 5 mois en croisade, de Bruxelles à Jérusalem.
Il est parti, je ne le reverrai sans doute pas.
“Ultreïa !…“ Nous lance-t-il en disparaissant dans une courbe.
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Au sommet de la côte, nous parcourons quelques centaines de mètres sur une ligne de crête et attaquons la descente vers Undues de Lerda.
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Il est 11h30, l’heure de l’“almuerzo “. Deux œufs frits, du bacon grillé, deux pimientos del Piquillo et deux cañitas pour moi. Anton choisit deux cafés au lait pour accompagner son plat.
Nous repartons, quittons l’Aragon pour entrer en Navarre, la chaleur devient difficilement supportable.
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J’augmente l’allure pour abréger l’épreuve. Anton, disparaît dans mon dos. L’eau de mon bidon est carrément chaude quand je la termine.
Les thermomètres de Sangüesa affichent 31° à l’ombre, il est 14h00 quand je pousse la porte de l’auberge.
Deux étapes de plus de 30 kilomètres sont prévues, demain et vendredi, elles ne s’annoncent pas comme des parties de plaisir.

Jeudi, 21 mai 2009, trente-cinquième étape.
Sangüesa – Monreal
31,1km, 8h00 de marche.


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