Najera – Santo Domingo de la Calzada

Le Puy-en-Velay - Santiago de Compostela 2009

Un kilomètre à pied, ça use, ça use, un kilomètre à pied, ça use les souliers. Mille kilomètres à pied ?… Et bien non, finalement, mille kilomètres ne suffisent pas pour entamer mes semelles en Vibram. Tout ça pour vous dire que, ça y est, j’ai passé la barre des mille bornes !… Il me reste donc moins de 600 km à couvrir pour atteindre la Plaza del Obradoiro.

Ce matin, comme hier, beau temps et fraîcheur sur le Chemin. Ma nuit en gîte a été perturbée par un seul ronfleur (étonnant pour une chambrée de 40 personnes), et c’était mon plus proche voisin. Je devrais jouer au loto.
Sinon, dès 6h15, les néons s’allument et les files d’attente s’allongent devant les lavabos et les WC (peu nombreux), devant l’unique machine à café. Le genre de truc qui m’énerve, je pars sans déjeuner. La lumière de l’aube dore les vignes, j’arrive rapidement à Azofra.
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Bizarrement, alors que beaucoup viennent retrouver un peu de sérénité sur le Chemin, le stress du Chemin existe. Stress dès le réveil comme je viens de vous le raconter, stress qui vous fait accélérer pour arriver avant que l’auberge soit pleine, stress qui vous fait avancer votre repas pour trouver une table libre dans les restaurants qui proposent des menus pèlerins. J’avoue ne pas être venu sur le Chemin pour participer à une course-raid, bien au contraire. Une pensée d’Edgar Morin que devraient méditer tous les marcheurs et pèlerins : « À force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel ».
Donc, je traîne, je baguenaude, et tous me dépassent.
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Après une longue virée au milieu de cultures et de travaux d’irrigation, j’arrive à Cirueña où je me retrouve confronté au marasme économique de l’Espagne d’aujourd’hui. À gauche, un terrain de golf ultramoderne avec club-house et voiturettes, sans un seul pratiquant. À droite, des ensembles immobiliers flambant neuf et vides à 90%. La crise est là, palpable. Pendant des années, l’Espagne a assuré l’essentiel de son développement économique en construisant à tout va. Le pays était montré en exemple, on parlait alors du Japon de l’Europe.
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Les banques ont soutenu des investisseurs pour qu’ils s’endettent en bâtissant et, qu’à leur tour, ils poussent des milliers d’accédants à la propriété à souscrire des crédits (le plus souvent à taux variables). En septembre dernier, tout s’est effondré. Les banques ont récupéré des parcs immobiliers d’investisseurs en faillite et ne trouvent plus d’acheteurs pour récupérer leurs fonds initiaux.

Demain, pour changer des financiers qui ont convaincu nos gouvernants de changer le rien en tout, je vous raconterai le miracle de la poule et du coq de Santo Domingo de la Calzada.

Vendredi, 29 mai 2009, quarante-deuxième étape.
Santo Domingo de la Calzada – Belorado
25,1km, 6h20 de marche.


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