Mensuel Archives: juin 2009

Hospital de Òrbigo – Astorga

C’est, aujourd’hui, l’étape la plus courte du Camino Frances (16,5km). J’en profite pour rallonger ma nuit et me réveiller après 8h00. Si je respecte ma vitesse de 4km/h, je devrais arriver à Astorga aux alentours de 13h00. Petite journée et, donc, peu de chose à raconter. Première satisfaction, j’en termine avec les deux derniers kilomètres de Meseta plate comme la main. Ouf !… Puis, à partir de Villares de Òrbigo, je me lance dans le franchissement d’un vallonnement agréable entre des bosquets de chênes verts et des exploitations agricoles.
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Une ou deux photos en diraient plus que des lignes de texte. Malheureusement, ce matin, mon petit compact numérique n’en fait qu’à sa tête. Après avoir refusé d’enregistrer une image à la sortie d’Hospital de Òrbigo, il n’a accepté de graver que cette seule vue de Villares. Puis, plus rien jusqu’à Astorga, jusqu’à ce qu’il réponde normalement à l’une de mes nombreuses tentatives devant le palais épiscopal (œuvre d’Anton Gaudì). Comme pour la “Casa de Botines“ de Leòn, il est intéressant d’observer que le grand architecte Catalan n’a pas reproduit, dans cette région du Nord-Ouest, les formes végétales et molles qui firent son succès en Catalogne. Dans les deux cas, son dessin, d’inspiration néo-gothique, surprend tout autant que l’austère granit employé. Sans doute sa façon d’interpréter le patrimoine existant, de créer dans le respect de la culture locale, d’être impliqué dans son travail d’architecte.
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1 Représentation de Gaudì devant la “Casa de Botines“ à Leòn.
2 Casa de Botines, Leòn.
3 Palais Episcopal d’Astorga.
Il ne me reste plus qu’à trouver une boutique de photographe en espérant que mon problème se résume en une défaillance de la carte mémoire. Sinon, et ce serait ennuyeux, ce blog perdra beaucoup de son intérêt en ne publiant que des textes. Je croise les doigts.

Jeudi 10 Juin 2009, cinquante troisième étape.
Astorga – Rabanal del Camino
21,5km, 5h20 de marche.

Leòn – Hospital de Òrbigo

Réveil avant l’aube. Il est 6h00 et Leòn (la ville) dort encore quand je me mets en route. Le premier thermomètre lumineux rencontré indique 7°. J’ai d’abord cru que le chiffre des dizaines était en panne, mais non, il caille vraiment… L’extrême faubourg de La Virgen del Camino est atteint peu avant 8h00, un petit bar me permet de déjeuner et de me réchauffer. Un coup d’œil au cadran de ma montre me confirme que je suis bien le 9 juin en Espagne et pas le 9 mars en Belgique. Aujourd’hui, je vais arpenter pour la dernière fois la Meseta du Nord-Ouest avant de m’attaquer, demain, aux contreforts des monts de Leòn. Le paysage devrait changer radicalement. En attendant, j’ai encore le choix entre deux itinéraires, l’un qui suit l’omniprésente RN120, l’autre qui s’en éloigne et qui relie quelques gros bourgs agricoles. Refusant la mesquinerie, j’opte pour le Chemin le plus long (+3,6km) mais le plus calme.
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Et c’est parti !…
Entre Oncina de Valdoncina, Chozas de Abajo et Villar de Manzarife, le paysage est en tout point semblable à celui rencontré lors des étapes précédentes. Il est temps que je m’arrête dans le bar de Villar pour casser la croûte. Classique, je commande un sandwich et un soda.
Arrive un bon quintal Allemand, tout en rondeur, qui commande deux 1/2 litres de bière. Les pintes sont juste servies qu’entre un deuxième quintal, copie conforme du premier. Il se précipite sans rien dire sur la chope et part, avec, aux toilettes. Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire quand le teuton pressé ressort des “servicios“, toujours avec son verre à la main, mais à moitié vide. C’est ce qui s’appelle gérer, à flux tendu, la contenance de sa vessie.
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Le soleil réchauffe l’atmosphère, le ciel est parcouru par de beaux nuages pommelés et il ne me reste plus que 14km à couvrir en deux longues lignes droites égales. J’ai un peu mal aux pieds, mais je continue d’avancer au milieu d’un vaste réseau de canaux et de fossés, entouré de cultures parfaitement irriguées. Je fais un dernier effort pour me hisser sur la passerelle qui enjambe l’autoroute A20 et je redescends vers le célèbre pont romain d’Òrbigo, le plus long du Chemin.
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Bonne adresse pour ceux qui préparent leur Chemin: Auberge privée Nuestra Señora de Lourdes.

Mercredi 9 Juin 2009, cinquante deuxième étape.
Hospital de Òrbigo – Astorga
16,5km, 4h00 de marche.

Leòn, repos

Je profite de ma journée de repos pour vous présenter un personnage rare et attachant du Chemin.
Michel, Breton d’origine, est costaud. Il a plus de cinquante ans et a connu la cloche, quelques mois, dans les rues de Paris. Il aurait pu s’y perdre quand il prit connaissance du regain d’intérêt pour le “Camino frances“. Sans équipement, pratiquement sans argent, il descendit vers le Sud et mit ses pas dans ceux des marcheurs. Aujourd’hui, il vit sur les Chemins d’Espagne. Il y a quelques années, je l’aurais qualifié de cheminot (pas un agent de la Sncf mais un ouvrier qui parcourait la France pour louer ses bras). Il n’est plus Sdf.
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Il est plutôt discret et n’affiche pas son statut. Sur le Chemin il n’est qu’un pèlerin parmi tant d’autres. C’est en se rendant une première fois à Santiago qu’il apprit tout des fonctionnements de cette communauté. Il découvrit le réseau des auberges et choisit les moins chères, celles qui acceptent les dons (donativos). Chaque soir, il organisa des repas qu’il partagea avec des amis (employés, avocats, professeurs, médecins, cadres) qui auraient sans doute évité sa main tendue à la sortie du métro. Autour de la table, il se retrouva à égalité de temps de parole et récupéra toute sa dignité. L’une de ces rencontres du Chemin alla jusqu’à lui offrir ses chaussures, son sac à dos et son sac de couchage au terme de son voyage, repartant en tong, un sac plastique à la main.

Mais Michel travaille. À force de contacts (souvent sur le Chemin), il s’est constitué un carnet d’adresses dans toute la péninsule et organise ses déplacements en fonction des saisons. Il vendange dans la Rioja en septembre-octobre, donne ensuite un coup de main à un producteur de cidre en Galice avant de passer l’hiver en Andalousie pour y récolter les olives. Connu comme le loup blanc, il parle correctement Castillan et est apprécié par tous ses employeurs qui l’appellent régulièrement sur son mobile. Et le reste du temps, il vagabonde, découvre, rencontre, en s’appuyant sur les infrastructures du Chemin qui lui permettent, chaque soir, de bénéficier d’un lit, d’une bonne douche, d’une cuisine et souvent d’une machine à laver.

Michel a même rencontré un industriel qui, sensibilisé par sa personnalité, souhaitait lui proposer un emploi fixe. Mais après réflexion, Michel a refusé. Car même s’il sait que sa fin de vie risque d’être difficile (peu de cotisation retraite), il préfère la liberté de cette vie de nomade au confort d’une activité salariée.

Mardi 8 Juin 2009, cinquante et unième étape.
Leòn – Hospital de Òrbigo
36,0km, 9h00 de marche.

Mansilla de las Mulas – Leòn

Une promenade de santé, rien de plus.
Moins de 20 kilomètres et me voilà dans la capitale de la province de Leòn (la capitale de l’autonomie Castilla-Leòn étant Valladolid). Tout le long du Chemin, des slogans qui réclament la création d’une autonomie pour les pays de Leòn (une sécession d’avec la Castille) m’ont agacé. Depuis la fin du franquisme, toute l’Espagne est lancée dans une course à plus d’autonomie, à plus de reconnaissance des communautarismes régionaux. Et tant pis si ces choix augmentent l’inimitié et affaiblissent la solidarité entre les peuples de la péninsule (ex : conflit sur l’utilisation de l’eau de l’Ebre). Et tant pis si la gestion de l’argent public par les 17 parlements d’autonomie multiplie par autant les scandales de corruption et les détournements de fonds.
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Cartes postales de la cathédrale de Leòn.

Pour se détendre un peu, la direction du blog n’a pas hésité à contrer les offres mirobolantes des magazines Le Pèlerin, Hola !, Interviu, Voici et autres cochonneries sur papier glacé pour vous offrir ce magnifique portrait en situation de votre pèlerin préféré.
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Existe également en cible pour jeux de fléchettes et en photo-décor (mais si ce produit vous intéresse, nous vous invitons à vous assurer de votre état psychique avant de le commander, chaque commande, définitive, ne sera ni reprise, ni remboursée).

Lundi 8 Juin 2009, repos.
Leòn

Sahagun – Mansilla de las Mulas

L’étape du jour est longue et propose deux tracés au choix :
- au Sud, le “Camino Real“ longe la nationale N120. Ce n’est qu’une autoroute piétonnière plantée d’arbres rachitiques et pourvue, tous les deux kilomètres, d’une aire de repos avec mobilier en ciment et fontaine.
- au Nord, la “Calzada Romana“, est plus sauvage et beaucoup moins fréquentée.
La météo locale prévoit, comme hier, une journée nuageuse et froide.
Je choisis donc l’aventure. Il est évident que s’il avait été annoncé des températures supérieures à 30°, j’aurais opté pour le confort de la voie du Sud.

Comme je suis parti à 7h00 sans rien avaler, je me jette sur deux barres de céréales qui traînent depuis quelques jours dans la poche supérieure de mon sac. À Calzada del Coto, j’abandonne la troupe des pèlerins qui descend vers le Sud. Je traverse le petit bourg dans le plus grand silence et me dirige vers Calzadilla de los Hermanillos.
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La première maison du village s’affiche comme “Comedor“. J’entre et me retrouve dans un salon très “familial“. Une jeune adolescente, qui déjeune en pyjama, m’offre son plus beau sourire et me fait signe d’avancer. J’ai comme l’impression de n’être pas à ma place. Pourtant, la mère, depuis sa cuisine, m’invite à m’asseoir. Je commande deux œufs au bacon, une bière “sin“ et un sandwich pour plus tard. Après une demi-heure de repos, je repars rassasié et satisfait de l’accueil sympa de cette famille qui met à profit le Chemin pour mieux vivre dans sa région.
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Commence alors une longue virée solitaire de 16 kilomètres. J’ai le vent dans le nez et me distrais en enfilant et retirant mon poncho au rythme des averses. Un chantier de percement d’un nouveau canal m’oblige à un détour de quelques centaines de mètres, puis je retrouve la chaussée romaine pour descendre sur Reliegos.
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Plus de trente kilomètres couverts, mes pieds et mes genoux commencent à me faire souffrir. Dans l’axe de ma route, le ciel est exceptionnellement noir, je n’aurai pas le temps de rejoindre l’étape avant l’orage. J’ai maintenant le choix entre, accélérer pour éviter la pluie au risque de déclencher une tendinite et assurer un pas régulier avec la certitude de me faire rincer. Je choisis d’arriver trempé.

Petits conseils pour ceux qui préparent leurs Chemins et préfèrent les sentiers aux bords de nationales :
- Dans l’étape Fromista – Carrion de los Condes, c’est à la sortie de Poblacion de Campos qu’il faut quitter la piste qui longe la nationale et prendre à droite. À la hauteur de Villarmentero, il faut continuer tout droit le long de la rivière puis suivre les indications du guide Rando.
- Dans l’étape Sahagun – Mansilla de las Mulas, attention si vous choisissez la “calzada romana“, le chantier de percement du canal, avant d’arriver à Reliegos, risque de vous poser des problèmes dans les mois à venir.

Dimanche 7 Juin 2009, cinquantième étape.
Mansilla de las Mulas – Leon
18,7km, 4h45 de marche.

Carrion de los Condes – Sahagun

Je suis déjà sur le pont qui enjambe le rio Carrion quand sonnent 6 heures. Il fait encore nuit, je distingue mal les balises, mais un couple d’Allemands me double et je décide de le suivre.
Il fait plutôt frisquet et je marche, les mains dans les poches, pour tenter de me réchauffer. La Meseta est toujours aussi plane, aussi monotone et j’enchaîne les pas mécaniquement.
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Au bout de 3h30 (j’ai couvert 16,8km) et, toujours pas réveillé, j’entre dans le bar de Calzadilla de la Cueza. Je reconnais, attablés, tous ceux qui m’ont dépassé sur le Chemin. Comme il n’est pas dix heures et que les possibilités de distraction offertes par le “pueblito“ sont nulles, je décide de pousser jusqu’à Sahagun (24,3km). Le ciel est couvert, l’orage menace, le soleil reste discret, c’est la journée idéale pour s’éloigner de ces paysages sans surprise.
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Toujours en père peinard, sans forcer le rythme, je dépasse Ledigos, Terradillos de los Templarios, Moratinos pour atteindre San Nicolas del Camino. Il est 14 heures et la fatigue commence à se faire sentir. Je profite d’une auberge pour avaler un plat de macaronis et d’excellentes “albondigas“. Une heure de repos, le plein de sucre lent effectué, c’est juste ce qu’il me fallait pour terminer l’étape.
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Demain, j’essaierai d’ajouter 37,4km aux 41 d’aujourd’hui, avant de lever le pied dimanche, puis de profiter d’une journée de repos, lundi, dans la belle ville de Leon.

Clin d’œil : Bon anniversaire petit frère.

Samedi 6 Juin 2009, quarante-neuvième étape.
Sahagun – Mansilla de las Mulas
37,4km, 9h30 de marche

Fromista – Carrion de los Condes

Etape courte implique grasse matinée. Il est 7h30 quand je rejoins la troupe de nos cousins germains. Ce matin, c’est encore plus impressionnant que les jours précédents, il y en a de plus en plus. Entre Fromista et Villarmentero de Campos, les promeneurs ont la même moyenne d’âge que ceux qui flanent sur la promenade des Anglais à Nice, à part qu’ils sont Allemands.

Je n’en peux plus, je trouve une échappatoire en empruntant un chemin de traverse et en rejoignant une variante qui longe le rio Ucieza. Instantanément, je me retrouve seul. Sur ma droite, le rio m’accompagne encaissé entre deux hautes rives. À sa surface (j’ai d’abord cru à de la pollution), une multitude de petites fleurs blanches. Je suis au calme et le lieu m’inspire. Je multiplie les prises de vues.
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Mon téléphone sonne, une agence de Zaragoza souhaite m’acheter une image pour un dépliant de promotion du “Camino Frances“. Je lui fais la même réponse qu’à un magazine espagnol qui souhaitait illustrer un reportage sur le Chemin en sélectionnant des photographies couleur repérées sur ce blog. Les vignettes qui accompagnent mes articles sont de médiocre qualité technique (compact Fuji F30 / 6,3 mégapixels) et ne peuvent décemment pas être diffusées professionnellement.
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C’est après avoir contourné la chapelle de la Virgen del Rio que je retrouve la Meseta dans toutes ses dimensions. Il me reste 8 kilomètres à parcourir, dans la solitude propre à chaque pèlerin, au milieu des vallonnements qui, jour après jour, virent du vert au jaune. Deux heures de vrai plaisir, d’abord le silence qui fait résonner vos pas sur la piste, puis l’immensité qui vous enveloppe (je devine, très au Nord le massif des Picos de Europa), enfin, la certitude de vivre un moment privilégié.
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Je franchis le point haut de San Cristobal et le charme s’évanouit aussitôt. La P980 et son flot de marcheurs m’attendent, 400 mètres en contrebas.
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Demain, entre Carrion de los Condes et Calzadilla de la Cueza, 16,8 kilomètres de ligne droite, sans village, sans ombre, sans fontaine, sans RIEN. La météo prévoit de la pluie (c’est une chance) mais du coup, comme cela ne représente que 4 heures d’effort, je ne sais plus quoi faire. Il est donc possible que j’enchaîne avec une partie de l’étape suivante, jusque vers 14h00. J’agirai en fonction des circonstances.

Vendredi 5 Juin 2009, quarante-huitième étape.
Carrion de los Condes – Calzadilla de la Cueza
16,8km, 4h15 de marche.

Hontanas – Fromista

Aujourd’hui, 29km sont au programme. Petit-déjeuner à 6h00, départ à la fraîche, l’organisation est parfaite.
Après quatre kilomètres de sentiers, je débouche sur une route provinciale. Elle a beau passer sous les voûtes ruinées du couvent de San Anton, elle m’impose cinq longs kilomètres d’asphalte.
Mais apparaissent bientôt, la collégiale Santa Maria del Manzano et, en vigie, l’ancien château fort de Castrojeriz.
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Je m’offre une petite pause et repars. Ce matin, c’est l’affluence habituelle sur le Chemin, Brésiliens, Allemands et de rares Français, avancent par petits groupes. Chacun va gravir, comme il le peut, la côte de Mostelares. Au sommet, je m’attends à découvrir un vaste plateau. Pas du tout, au bout de 600 mètres, tout le monde redescend. C’était bien la peine. Mais comme je tiens à tirer profit de l’ascension, je photographie le paysage qui s’étend en contrebas.
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Quelques kilomètres plus loin, je franchis le rio Pisuerga et quitte la province de Burgos pour entrer dans celle de Palencia. Nouvelle courte halte en terrasse d’un bar d’Itero de la Vega et je relance la machine. Jusqu’à Boadilla del Camino, je retrouve les vastes étendues ondulées de la meseta céréalière. Et me revient à l’esprit, comme une évidence, la comparaison évoquée hier. À droite la houle, large, comme celle qui m’avait rendu malade lors de ma première sortie à bord du Begnat (chasseur de thons à la canne de Saint-Jean-de-Luz). À gauche, de belles vagues dont la crête écume déjà et qui semblent prêtes à déferler sur le Chemin.
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Enfin Boadilla, je fais rapidement le tour des trois auberges, aucune ne dispose de connexion Internet. Il ne me reste plus qu’à rallonger l’étape de 6 kilomètres pour atteindre Fromista. Il est 13h30, mes arpions ont chaud dans leurs chaussures, mais l’envoi des articles d’hier et d’aujourd’hui ne dépend plus que d’eux. Hardis!…
Le Chemin longe le canal de Castilla, parfois à l’ombre, et il n’est pas plus de 15 heures quand j’arrive au terme des 35,2km de l’étape.
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Eglise romane San Martin de Fromista.
Et moi qui ai profité de l’après-midi d’hier pour revoir tout mon calendrier prévisionnel afin d’éviter les étapes de plus de 30 bornes, j’ai l’air malin…

Jeudi 4 Juin 2009, quarante-septième étape.
Fromista – Carrion de los Condes
20,8km, 5h15 de marche.

Burgos – Hontanas

Arrivé au terme de l’étape proposée par le guide (Hornillos del Camino) à 11h00, je décide de pousser jusqu’à Hontanas (halte préconisée par les Belot) et de rajouter 10,6km aux 19,1 initiaux. Le ciel est sans nuage mais, comme les jours précédents, un petit vent frais rend la chose agréable. Le petit plus parcouru aujourd’hui ne sera pas à faire demain si le temps vire à la canicule. Du coup, je peux tenter de rééquilibrer mon planning des deux prochaines semaines et réduire les étapes marathon de Mansilla de las Mulas et Hospital de Orbigo.
Mis à part ces petits détails d’organisation interne, la “meseta“ est bien au rendez-vous.
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De vastes étendues de blés verts qui ondulent au rythme des risées, des vagues végétales qui se brisent sur des récifs de pierres sèches, de très rares îlots boisés, une marine dont le bleu Océan aurait été remplacé par un vert intense.

Et, sans les avoir espérés si tôt, cachés dans le creux d’un vallon, apparaissent le clocher et l’enchevêtrement de toits de tuiles d’Hontanas. Juste à temps pour passer à table.
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Dans l’auberge, les Allemands sont omniprésents. Cette année, plus de la moitié des pèlerins est originaire d’outre-Rhin. La faute en revient à Hape Kerkeling qui a, récemment, publié dans la langue de Goethe un best-seller sur le Chemin. Depuis, le “Camino frances“ est à la mode en Allemagne. Autant dire, pour résumer, que l’après-midi sera abondamment arrosée à l’ombre de l’église. Bières mais pas que, les teutons sont plutôt curieux et apprécient les “tintos“, “rosados“ et “blancos“ d’Espagne. La culture du pèlerin passe aussi par là. Un dicton local affirme d’ailleurs : “El buen pelegrino va con buen vino“, ça fonctionne aussi en français, traduisez.

Mercredi 3 Juin 2009, quarante-sixième étape.
Hontanas – Boadilla del Camino
29,0km, 7h15 de marche.

Burgos, repos

À partir de demain, traversée de la Meseta pendant 200 kilomètres, jusqu’aux monts de Leon. L’altitude moyenne de ce plateau est de 850 mètres. Glacial l’hiver, il peut être torride l’été. À quelle sauce vais-je être cuisiné, béarnaise douce ou “salsa brava“ piquante ?… C’est sur cette portion du Chemin que je risque de perdre la “tripita“ que je tente de conserver à grandes gorgées de “cerveza“ fraîche. La piste qui tire de longues lignes droites sans ombre, sans villages, sans points d’eau, au milieu de vastes étendues de céréales, impose humilité et respect. Dur, dur, si Phoebus s’en mêle!… Il est donc probable que j’adapterai, aux conditions climatiques, le découpage du parcours. Heureusement qu’un couple de pèlerins rencontré en France (Josette et Guy Belot) me communique ses bons plans pour franchir l’obstacle. Mais j’ai conscience que les dix jours qui me séparent d’Astorga peuvent être les plus durs du Chemin.

Aujourd’hui, repos pour profiter un peu de Burgos et de sa cathédrale Santa Maria, l’un des plus beaux exemples d’architecture gothique en Espagne.
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Façade de la cathédrale de Santa Maria (1), représentation de Santiago matamoros (2), statue en bronze d’un pèlerin du Chemin (3).

Je profite de cette journée de liberté pour “interpréter“ en noir et blanc quelques-uns des plus beaux paysages photographiés depuis mon passage à Lacommande.
Parallèlement au blog que j’essaie (tant bien que mal) d’alimenter quotidiennement, je réalise en noir et blanc argentique une série de paysages que j’intitulerai “Portraits de Santiago“ et que je présenterai en exposition, l’an prochain, en 2010, année jacquaire.
En avant-première, quelques exemples de ce que je donnerai à voir.
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Mardi 2 Juin 2009, quarante-cinquième étape.
Burgos – Hornillos del Camino
19,1km, 5h00 de marche.