Mensuel Archives: mai 2009

Lacommande – Oloron

Encore une belle surprise.
C’est l’étape la plus proche de Pau (où j’ai passé plus de 20 ans) qui, à ce jour et à mes yeux, reste l’une des plus agréables et des plus photogéniques.

Quand Christine m’abandonne à l’entrée du Chemin, il est 8h20. L’église et la Commanderie du village sont dans mon dos, la brume s’estompe, le soleil est déjà bien présent. La lumière du sous-bois est hollywoodienne (clin d’œil aux anglophones) et le sentier, propre malgré les averses de la nuit, est plutôt roulant.
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En un peu plus de 5 heures, je franchis 5 coteaux et autant de vallons, découvrant à chaque fois un environnement différent. Magnifique.
Les Pyrénées barrent l’horizon avec de plus en plus d’insistance.
Demain je serai en vallée d’Aspe pour une étape marathon (30km).
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J’arrive assez tôt à Oloron pour pouvoir y déjeuner en terrasse. Les 600 mètres de dénivelé annoncés n’ont eu aucun effet douloureux sur mes jambes. C’est incroyable.
Le tout nouveau gîte municipal du Bastet m’accueille chaleureusement. Il est ouvert depuis moins d’un mois (15/04/09) et je suis le 120éme pèlerin-marcheur à y séjourner.
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Un retrato de “gabacho frances“ para mi amigo oscense Miguel Apellaniz.

Mercredi, 13 mai 2009, vingt-huitième étape.
Oloron-Sainte-Marie – Bedous
30km, 7h30 de marche.

Pau – Lacommande

D’abord sortir de Pau, puis traverser les zones industrielles et commerciales de Lons et Lescar. Enfin, franchir le Gave et retrouver le Chemin de Saint-Jacques à la sortie d’Artiguelouve.

Ça y est, j’ai franchi l’aiguillage qui m’a fait passer de la voie du Puy-en-Velay vers la voie d’Arles.
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Un sentier me fait escalader un coteau boisé. Puis, je redescends dans un vallon au milieu de palombières. Des échelles sont fixées aux troncs, des ascenseurs pour hisser les appeaux sont installés. Pas de doute, les mâles du quartier sont atteints de palombite aigüe.
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Le chemin est pourri, boueux comme jamais, je glisse et tombe. Prudent, je choisis de prendre mon temps afin d’atteindre le bas de la côte sans casse. Quand je quitte l’abri du feuillage, la chaleur me surprend. Il fait lourd et l’orage approche.
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Je passe au pied de l’église de Lacommande et poursuis, en direction de Lasseube, jusque chez mes amis Pouquet. C’est sûr, j’approche de chez Pouquet, Christine m’a gentiment proposé de m’héberger et, en compagnie de Jean-Claude et d’Elsa (son mari et sa fille), je sais que la soirée sera festive.
Un dernier petit plaisir avant d’attaquer la vallée d’Aspe, mercredi.

Mardi, 12 mai 2009, vingt-septième étape.
Lacommande – Oloron-Sainte-Marie
19,3km, 5h00 de marche.

Pau, repos

Un long week-end de repos qui arrive à temps pour gommer (définitivement?) tous mes problèmes physiques.
Sur ces 4 premières semaines, je vous ai souvent fait part de l’évolution de mon physique. Mais, oublier le Chemin pour ne parler que de la gestion de mes bobos me semblait parfois excessif, obsessionnel, voire égocentrique.
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Vendredi et samedi, les nombreux mails reçus, les appels de mes plus proches amis m’ont rassuré. Vous avez été jusqu’à 160 (vendredi 8 mai) à vous connecter sur le blog pour, entre autres, vous informer de mon état, pour savoir si j’étais encore sur le Chemin. En fait, depuis Espalion, tendinite, contracture et syndrome rotulien se partagent la vedette d’un véritable feuilleton à suspense que vous suivez au quotidien.

Donc, faisons un point. Que deviennent vos héros favoris ?
Le syndrome rotulien du genou gauche a quitté l’écran, le duo tendinite-contracture de la jambe droite joue les seconds rôles, la plaie dans la pliure du genou gauche se fait oublier peu à peu.

Alors, comment passer de l’agonie (étape Condom- Eauze) à une récupération pratiquement complète en une semaine et en marchant plus de 110km en 4 jours?…
Explications.
Entre Condom et Montréal-du-Gers, douleurs intenses sur la jambe droite qui me font envisager l’abandon. Je finis Montréal – Eauze (17km) en masquant le mal par une prise de Dafalgan.
Et au cours du pique-nique de cette journée d’enfer, Chantal, l’épouse de mon ami Christian, m’offre ce qui peut (d’après elle) me remettre d’aplomb, une genouillère équipée d’une série de petits aimants. Ceux qui me connaissent savent combien je peux me montrer sceptique, suspicieux, vis-à-vis de toute médecine alternative. Mais le geste de Chantal est généreux et j’accepte de me charger de cet équipement supplémentaire.

À Eauze, puis à Arblade, je dors avec la genouillère à gauche.
Je ressens de moins en moins de gêne dans les descentes et j’arrive à Aire, sous Ibuprofène, avec des douleurs persistantes jambe droite (tendinite – contracture). Au milieu de la nuit, intrigué par l’amélioration de mon genou gauche, je fixe la genouillère sur mon mollet droit. Mon muscle est parcouru de picotements et, au réveil, je descends les escaliers sans difficulté. Ça tire encore, mais l’amélioration est nette. J’arrête toute prise de pastilles et couvre l’étape sans encombre. À Arzacq, même chose, je passe la nuit avec la genouillère sur le mollet droit. Le lendemain, j’arrive à Pau (30km sur asphalte) sans que ma cheville soit enflée.

Conclusion, cela fait 5 jours que je ne prends plus de cachets (fini l’Ibuspirine et le Dafalgan), que je m’adonne à la magnétothérapie, et que je me porte de mieux en mieux. Les 3 jours de repos m’ont, évidemment, fait du bien, mais j’avoue être épaté par la réussite de cette thérapie énergisante.
Merci Sainte Chantal; Sainte Anne, Saint Côme et Saint Damien devront attendre avant que je les sollicite.
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(Photographie Pierre Tritten)

Demain je reprends la route, régénéré et riche de 4 semaines d’expériences pour remonter la vallée d’Aspe et franchir les Pyrénées par le Somport.

Tous vos témoignages de soutien me rassurent et me confortent dans la réalisation de ce projet, mille fois merci!

Lundi, 11 mai 2009, vingt-sixième étape.
Pau – Lacommande
18,5km, 4h40 de marche.

“Allô la planète“ du jeudi 7 mai 2009

Si vous souhaitez (ré)écouter cette émission, elle est disponible en écoute à la carte pendant 7 jours.

Mise à jour du calendrier.

Calendrier réactualisé jusqu’à l’arrivée à Santiago le vendredi 26 juin, avec une journée de repos par semaine et une journée en réserve, soit pour réduire une étape, soit pour un repos supplémentaire.

Arzacq-Arraziguet – Pau

“Les meilleures choses ont une fin“.
“Il n’est de meilleure compagnie qui ne se quitte“.
Si vous en avez d’autres à me soumettre, n’hésitez pas…
Tout cela pour vous dire que, ce matin, c’était l’instant redouté de la séparation. Manon et Denis poursuivent vers Saint-Jean-Pied-de-Port alors que je rejoins Pau (repos de 3 jours) avant de repartir par la Voie d’Arles. J’ai choisi cette option pour franchir les Pyrénées par le col du Somport et couvrir, ainsi, quelques étapes de mon périple sur la terre d’Aragon, ma terre d’adoption depuis 2003.
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Une trentaine de kilomètres effectués hors GR, sur asphalte, au milieu du trafic rendu plus dangereux par la présence des camions du chantier de l’A65, que dire de plus, sinon que cette étape de liaison n’avait aucun intérêt, mais que je comptais l’effectuer en marchant.
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Une photo (signée Pierre Tritten) pour vous faire découvrir les coulisses du blog (couvent de Vaylats).

Ce soir, à partir de 23h15, deuxième intervention en direct dans le cadre de l’émission de France-Inter, “Allô la planète “…

Jeudi, 8 mai 2009, repos.
Pau

Aire-sur-l’Adour – Arzacq-Arraziguet

Près de 33km, l’étape est longue, la journée promet d’être ensoleillée (donc chaude), nous décidons de partir plus tôt. Il est à peine 7h30 quand Manon et Denis attaquent la côte de la rue du Mas qui leur permet de découvrir l’église Sainte Quitterie.

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Je choisis, volontairement, de réduire mon pas et de les laisser prendre de l’avance. Je sais que je les retrouverai plus tard.
J’arrive bientôt en vue de l’étang de Brousseau.
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Un groupe de retraités allemands est en pleine discussion. Ils sont une bonne quinzaine et bénéficient d’une organisation à l’Allemande, voiture suiveuse avec transport des sacs et préparation des repas. Cela fait déjà plusieurs jours que nous nous suivons, doublons et redoublons. Un panneau d’information installé par la société Eiffage les a stoppés dans leur élan. Le chemin est coupé par le chantier de l’autoroute Pau-Bordeaux et nous devons emprunter une déviation. Mais à part cela, rien de plus, démerde-toi. L’ancienne signalétique du GR65 est toujours en place, rien ne nous dit comment est matérialisée cette déviation ni à partir d’où nous devons la suivre. C’est la confusion la plus totale. Certains choisissent la voie de droite, d’autres la gauche.
Les Allemands sortent les cartes d’état-major (j’espère qu’elles sont récentes) et ils décident d’une direction. Je choisis de les suivre. Leur option semble être la bonne et nous nous retrouvons sur un itinéraire fléché à l’européenne (coquille jaune sur fond bleu).
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Face à nous, à l’horizon, la barrière enneigée des Pyrénées me rassure. Au moins nous nous dirigeons vers le Sud. Quelques kilomètres avant Miramont, je tombe sur Manon qui expose ses pieds nus au soleil et Denis qui grignote. Je me marre quand ils m’avouent s’être retrouvés sur le chantier autoroutier, au milieu d’énormes engins de terrassement, les pieds englués dans le goudron frais de la chaussée.
Si dans les années à venir, en passant sur la nouvelle autoroute à hauteur d’Aire, vous ressentez comme la présence d’un vibreur sur la chaussée, pas de doute, ce sont les empreintes laissées par nos deux Québécois.
En tout cas, merci Eiffage pour votre professionnalisme! En termes de communication, vous avez fait dans le minimalisme. Plus tard, nous apprendrons que Manon et Denis n’ont pas été les seuls à baguenauder au milieu des bulls et autres tractopelles.

L’après déjeuner nous entraîne dans un circuit touristique (chapelle de Sensacq) et, par des chemins boueux (ça nous manquait), nous envoie promener à pimpous, autrement dit Pimbo, première bastide des marches du Béarn. Pour tous ceux qui vivent au nord de l’Adour, je précise que “le diable vauvert“ se dit en béarnais “pimpous“ et que “pimpous“ dériverait de Pimbo, le point le plus éloigné de la région.

Il est 18h30 quand nous arrivons au gîte communal d’Arzacq, parfaitement tenu et organisé. Mais comme le repas est servi à 19h00, nous n’avons que le temps de prendre une douche avant de nous rendre au réfectoire. Au menu : manchons de canard confit accompagnés de coquillettes. La communauté des marcheurs apprécie.

Jeudi, 7 mai 2009, vingt-cinquième étape.
Arzacq-Arraziguet – Pau
30km, 7h00 de marche, 300m de dénivelé.

Arblade-le-haut – Aire-sur-l’Adour

Guillerette, Manon me fait remarquer que c’est peut-être le premier matin sans brume ni nuages depuis notre départ du Puy (c’est vrai que nous n’avons pas été gâtés). Et quand la Québécoise de Sherbrooke est d’humeur joyeuse, son pas est énergique. Avec Denis, nous suivons à distance.

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Tout va bien jusqu’à ce qu’une ombre me remonte sur la gauche, je sursaute et me retourne, Daniel (l’Ardéchois) est sur mes talons.
En plaisantant, je lui raconte que j’ai parlé de lui dans mon blog de la veille. J’avoue l’avoir qualifié de chat noir puisqu’à chaque fois qu’il m’a rattrapé, s’est réveillée ma contracture du mollet droit. On en plaisante jusqu’à ce que 5 minutes après qu’il nous ait rejoints, je sois obligé de m’arrêter pour me masser le mollet droit et avaler un Dafalgan.
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L’horizon est laiteux et Manon a du mal à me croire quand je lui explique que nous devrions déjà apercevoir les Pyrénées. Je la rassure quand je lui raconte que c’est signe de beau temps pour les jours à venir.
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L’étape est courte et il est 15h00 quand nous arrivons dans notre gîte aturin. Entre hier et aujourd’hui, c’est le jour et la nuit, nous sommes passés de l’Arbladoise (au top de la qualité) à l’hôtel de la Paix (au top de la médiocrité).

Mercredi, 6 mai 2009, vingt-quatrième étape.
Aire-sur-l’Adour – Arzacq-Arraziguet
32,5km, 8h15 de marche, 300m de dénivelé.

Eauze – Arblade-le-haut

Dans un des dortoirs pour 4 du gîte d’Eauze (coin cuisine + salle de bains), j’ai passé la nuit en compagnie de Daniel (un Ardéchois rencontré à la sortie de Moissac et qui, à chaque fois qu’il m’a rattrapé sur le Chemin, a déclenché ma contracture du mollet droit) de Michel, un solide Breton de Dinard, et de l’épouse d’un de ses meilleurs amis venue marcher une semaine.
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Réveil 6h45 (dur, dur). Ce matin je n’ai pas envie d’y aller. Comme un gamin qui refuse de se rendre à l’école.
Michel part acheter du pain et des croissants, Daniel fait chauffer l’eau du thé, c’est sympa et toute cette agitation m’incite à quitter mon lit.
J’attends que Daniel s’en aille, je ne risque plus qu’il me rattrape, et je démarre. Le temps est maussade, mon humeur aussi. Mon rythme est lent, j’avance avec précaution, guettant la moindre douleur. Au bout d’une heure, je suis chaud, je me sens bien, je marche normalement.
Cette étape est courte (23km), pratiquement sans dénivelé, et pourrait presque être assimilée à du repos. Au sommet d’une petite côte, à la sortie d’un bois, je tombe sur un trio de pèlerins assis sur des troncs d’arbres.
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Manon et Denis se reposent en compagnie d’Evelyne, une sexagénaire qui entend rejoindre Compostelle. Suite à mon étape de 33km de la veille, j’ai rattrapé mon couple de québécois préférés qui, depuis Moissac, marchait une journée devant moi. Joie des retrouvailles, d’un coup, la journée paraît plus douce.
À l’arrivée dans Manciet, je reçois un appel de Kiki (beaucoup la reconnaîtront) qui, même au téléphone, réussit à me transmettre son affection. Puis c’est au tour de Maïté qui se propose de me faciliter un rendez-vous avec un ostéopathe palois. À ce propos, si vous connaissez un médecin qui peut traiter ma tendinite par une infiltration, merci de me communiquer ses coordonnées.
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Je pense profiter de mon passage à Pau et du long week-end du 8 mai pour faire un break de 4 jours. Je reprendrai le Chemin, mardi 12, par une étape qui me mènera de Pau à Lacommande.

Mardi, 5 mai 2009, vingt-troisième étape.
Arblade-le-haut – Aire-sur-l’Adour
27km, 6h45 de marche, 180m de dénivelé.

Condom – Eauze

Chantal et Christian me rappellent à l’ordre en frappant à ma porte, il est 7h30, l’heure du petit-déjeuner.

Programme de la journée :
- Christian m’accompagnera jusqu’au pont Lartigue (situé à 1000km de Santiago), puis rejoindra la cité fortifiée de Larresingle où l’attendra Chantal.
- Je les retrouverai à l’entrée de Montréal pour pique-niquer avant qu’ils ne reprennent le chemin de leurs pénates ariégeoises.
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Le démarrage se fait en douceur jusqu’à une longue descente boueuse qui réveille ma contracture du mollet droit. Au pont Lartigue, je m’allonge sur l’asphalte et me masse une première fois. Christian m’abandonne pour prendre la direction de la petite Carcassonne. Je reprends la route, seul. Mon Chemin se transforme en via Dolorosa. Après le mollet, vient le tour du petit orteil gauche, puis de la tendinite du tibia droit, je marche sur des œufs. Je m’arrête une deuxième, une troisième fois pour me masser.
Il fait chaud, je suis à bout, je suis à deux doigts d’envoyer tout péter.
Et je pense à Christian, venu me soutenir dans mon projet alors qu’il était encore en chimiothérapie jeudi. Et je repense à Danièle qui, après avoir échappé aux pinces du crabe, a couvert courageusement quatre étapes la semaine dernière.
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Avec des potes pareils, je ne peux pas me laisser abattre par quelques douleurs ligamentaires. Je repars et trouve la force de rejoindre Chantal, Christian et le panier du pique-nique.

Mes amis sont pleins d’attention à mon égard. Je me charge tel un coureur Festina sur le tour de France (Ibuprofène + Doliprane) et revigoré par un bon casse-croûte, je me lance en direction d’Eauze. Le terrain est plus roulant, ombragé, agréable, je ne souffre presque plus et c’est vers 19h30 que j’arrive enfin dans la capitale de l’Armagnac. J’ai couvert cette étape (l’une des plus longues), donnée pour 8h20, en 11h30, pauses comprises. Pas top…

Lundi, 4 mai 2009, vingt-deuxième étape.
Eauze – Arblade-le-haut
22km, 5h30 de marche, 100m de dénivelé.