Triacastela – Sarria

Entre les deux villes étapes, deux possibilités, un parcours qui va au plus court et une alternative qui permet de visiter le monastère de Samos (+7km). Ayant eu l’opportunité, hier, d’approcher en auto ce repaire bénédictin, ayant pu juger de son intérêt relatif, je choisis de suivre le Chemin historique conseillé par Laborde-Balen.
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Direction Balsa. Après 2,5 kilomètres, je quitte l’asphalte pour une route pavée qui devient un chemin creux, superbe et sombre, sous des châtaigniers. L’ascension est régulière, je dépasse le hameau de San Xil. L’eau est abondante et les fermes nombreuses.
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Ma route longe une ligne de crête. Vers le Sud, le large panorama me fait penser aux Baronnies bigourdanes. Toutes les nuances de vert sont présentes dans le paysage. Je franchis le Alto de Riocabo (905m). Je descends, la brume monte.
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Je me glisse sous les frondaisons d’une forêt de chênes. La lumière, magique, m’inspire et je multiplie les prises de vue. Je dois m’arrêter pour changer le film de mon Leica.
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Je repars, les sous-bois sont lumineux et obscurs à la fois, un casse-tête pour un photographe et plus encore pour son tireur. Jean-Yves (Bregand), ta partie ne va pas être facile.

J’atteins la borne 112 après une balade exceptionnelle, une journée comme on les rêve quand on décide de se lancer dans pareille aventure, sans aucun doute, l’une des 5 plus belles étapes depuis mon départ du Puy en Velay.

Mercredi 17 Juin 2009, cinquante neuvième étape.
Sarria – Portomarìn
22,6km, 5h45 de marche.

O Cebreiro – Triacastela

L’influence Atlantique est perceptible dès les premières lueurs du jour, O Cebreiro est emmailloté dans un épais brouillard.
Je pourrais être en Bretagne, en Irlande ou en Ecosse, je suis en Galice.
Partant d’un point haut (1300m), je vais devoir descendre toute la matinée pour rejoindre le village étape (665m), au fond de la vallée de l’Ouribio.
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Premier pèlerin rencontré sur le Chemin, celui qui, statufié, marque le col de San Roque. Un court arrêt pour fixer son effort dans la tourmente et je reprends ma descente et traverse, dans une brume cotonneuse, les hameaux de Hospital de Condesa, Padornelo, Fonfria, Biduedo et Filloval. Pour tout vous dire, je n’ai pratiquement rien vu du paysage alentour (la visibilité maximale étant réduite à 50 mètres) mais ces ambiances étaient particulièrement photogéniques.
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Vers 16h00, le soleil daigne enfin se montrer et réchauffer l’atmosphère. Je profite de l’après-midi pour visiter le monastère bénédictin de San Julian de Samos.
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Cet édifice, dont la fondation remonte au VIème siècle, vaut surtout le détour pour ses dimensions imposantes.

Mardi 16 Juin 2009, cinquante huitième étape.
Triacastela – Sarria
18,5km, 4h45 de marche.

Villafranca del Bierzo – O Cebreiro

Je ne croyais pas si bien dire, hier, en comparant l’ascension vers O Cebreiro à la montée vers l’Alpe d’Huez de la grande boucle. C’est tout pareil. Une longue approche, ennuyeuse, pendant laquelle les marcheurs longent la RN6 et jouent à cache-cache avec l’autoroute A6. Puis, comme à partir de Bourg l’Oisan dans le Tour, la route s’élève d’un coup passé Las Herrerìas. En gros, 20 kilomètres de faux plat en remontant le cours du rio Valcarce et 8 de grimpette sérieuse.
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Plus de 5 heures à manger du goudron et à croiser des viaducs autoroutiers avant de profiter de la fraîcheur d’un sous-bois. La montée, raide, emprunte un vieux chemin dallé.
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Plus haut, c’est un sentier, étroit, bordé de murets de pierres sèches, qui serpente dans une lande parsemée de massifs de genêts. Passé La Faba, une borne marque l’entrée en Galice et quelques centaines de mètres plus loin j’entre dans O Cebreiro, mirador planté sur le col.
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Le village a des allures d’écomusée avec ses nombreuses “pallozas“ caractéristiques de l’ancien habitat de Galice. Le toit de ses huttes, hérité de la préhistoire, est fait de paille de seigle et couvre amplement des murs de pierres plates.
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L’église Santa Marìa la Real est du XIéme siècle, tout comme les impressionnants fonts baptismaux qui permettaient le baptême par immersion.
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Ici encore, c’est le regain d’intérêt pour le Chemin qui a sauvé le village de l’abandon. C’est devenu l’une des haltes préférées des pèlerins.

Lundi 15 Juin 2009, cinquante septième étape.
O Cebreiro – Triacastela
21,1km, 5h20 de marche.

Ponferrada – Villafranca del Bierzo

Coincée entre les monts de Leòn et ceux du Cebreiro, la vallée du Bierzo est une découverte pour moi. Tout un ensemble de villages disperse l’habitat comme rarement en Espagne. Le Chemin emprunte des petites routes goudronnées entre les faubourgs de Ponferrada et la petite ville de Cacabelos. Progressivement, les bâtiments industriels abandonnent le terrain aux parcelles de maraîchers.
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Après 21 kilomètres d’asphalte, je prends à droite une piste de terre rouge qui serpente entre les rangs de vignes et les cerisiers. Puis c’est l’omniprésence de la viticulture, le Bierzo ayant obtenu, pour ses vins, une dénomination d’origine contrôlée. Et toujours les deux mêmes lignes à haute tension qui nous accompagnent.
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Première photo avec l’appareil de secours arrivé de France (merci Serge).
Le week-end est là, cela se sent car les randonneurs sont de sortie. Il est d’ailleurs facile de noter des différences d’allure entre les marcheurs. Le pas est rapide et sportif pour ceux qui ne marchent qu’une journée, plus mesuré pour tous ceux qui savent que, demain, les attend le juge de paix du “Camino Frances“, l’ascension vers O Cebreiro. Pour tous les pèlerins, c’est un peu la montée vers l’Alpe d’Huez du Tour de France. Quoiqu’il ne faille pas exagérer puisque le dénivelé total n’est que de 800 mètres avec un raidillon de 4 kilomètres à 10%.

Dimanche 14 Juin 2009, cinquante sixième étape.
Villafranca del Bierzo – O Cebreiro
27,1km, 7h30 de marche.

Foncebadòn – Ponferrada

Foncebadòn, c’est quelques ruines aménagées en gîtes au sommet d’une montagne, c’est un bled coincé entre deux lignes à haute-tension. Pourtant, je retiens une adresse pour les futurs passants, le Mesòn Médiéval où j’ai très bien dîné (quantité et qualité) à un prix raisonnable.

Quand le soleil se lève en altitude, la pureté de l’atmosphère rend toujours l’instant spectaculaire. Pas un nuage, l’horizon à l’Est se charge de toutes les couleurs de l’aube, apparaît “Lorenzo“ (Ra en Aragòn), il est temps d’embrayer pour attaquer la côte qui doit m’élever jusqu’à 1490m. Une idée m’est venue pendant la nuit, puisque mon petit compact numérique ne veut rien entendre, je peux essayer de trouver un marcheur équipé d’un appareil qui accepte la même carte mémoire et lui demander de me laisser faire, au moins, une photo symbolique de la journée. Je suis l’un des premiers à atteindre le col et je commence ma quête. Au bout d’une demi-heure, une jeune Asturienne me prête son petit Fuji, j’y introduis ma carte, et elle me propose de me photographier prés de la “Cruz de Ferro“. Je ne suis plus bredouille. J’ai une image pour illustrer le récit de la journée.
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Je reprends ma route, magnifique. Pendant quelques kilomètres, je chemine sur une crête couverte de bruyères. À gauche, mon regard plonge dans une vallée abrupte avec, en face, sur l’autre versant, un tapis de genêts aux abords d’un hameau et un rang d’éoliennes planté tout en haut. Cela me change de la Meseta, morne plaine. Quel dommage de ne pas pouvoir vous faire profiter de ce panorama. Je sors, machinalement, le récalcitrant de sa poche et voilà qu’il fonctionne à nouveau. J’en profite et, avant qu’il ne change d’avis, je fais près d’un kilomètre en immortalisant tout ce qui bouge.
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Puis, comme je suis au sommet et que j’aperçois Ponferrada dans la plaine au loin, il va bien me falloir descendre. Et ça commence plutôt sec. En appui permanent sur mes bâtons, j’essaie d’atténuer l’impact des 13 kilos de mon sac à dos sur mes genoux de vieux. Je ne cours pas, des jeunettes me doublent en souriant (rira bien…), et j’atteins sans dégâts apparents El Acebo. Les tuiles ont laissé place à de l’ardoise, l’architecture est totalement différente, je sens que les Asturies et la Galice Celtes ne sont plus bien loin. Sur la place, un “gaitero“ joue de son instrument (cornemuse) et c’est, du coup, encore plus évident.
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La pente reprend et je dévale, tant bien que mal, les 500 mètres de dénivelé pour finir sur les berges du rio Meruelo, au pied du pont médiéval de Molinaseca. Des dizaines de pèlerins se détendent, les pieds dans l’eau, je choisis de pousser jusqu’à Ponferrada, 7 kilomètres plus loin. Il est 13h30, il fait plus de 30° à l’ombre, je n’ai plus qu’à penser à autre chose et à attendre que ça passe.
Deux mois sur le Chemin et 1400km effectués, je finis par savoir gérer ce type d’effort.

Samedi 13 Juin 2009, cinquante cinquième étape.
Ponferrada – Villafranca del Bierzo
24,7km, 6h00 de marche.

Astorga – Foncebadòn

Le diagnostic est clair, mon petit compact numérique Fuji F30 a décidé de n’en faire qu’à sa tête. Je ne pourrai donc pas vous montrer ce qui me paraît intéressant, je ne pourrai vous présenter que ce qu’il aura bien voulu enregistrer. C’est un nouveau concept artistique aléatoire.
Pour aujourd’hui, le guide Rando nous propose une étape courte de 21,5km qui doit nous mener à Rabanal del Camino à travers la Maragateria.

Il est 8 heures et la transhumance est déjà en marche. Nous sommes, chaque jour plus nombreux. Après avoir franchi l’autoroute A6 et le village de Murias de Rechivaldo, le Chemin monte en pente douce pour s’approcher du versant Est des monts du Leòn. Sur la droite, j’aperçois Castillo de Polvazares que F30 accepte, gentiment, d’immortaliser.
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Puis il rechigne jusqu’à, finalement, accepter de photographier l’entrée de Santa Catalina de Somoza. Trop bon, Monseigneur !…
Puis, plus rien, rien des magnifiques Landes et forets de chênes verts, rien des massifs de genets en fleur. Arrivé à El Ganso, je fais une halte dans le fameux bistrot du cow-boy où Coline Serreau a tourné une des scènes de son film (Saint-Jacques – La Mecque). C’est dans ce décor original que Daroussin se cuite avant d’être récupéré par son frère et sa sœur.

Il est juste un peu plus de midi quand j’arrive à Rabanal del Camino, bel exemple de village ressuscité par le regain d’intérêt pour le Chemin. Pratiquement à l’abandon il y a quelques années, les Anglais de la Fraternité de Saint-James s’y sont installés pour y créer un refuge. Aujourd’hui, on en compte trois et plusieurs hôtels restaurants.
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Je jette un rapide coup d’œil sur le guide pour me rendre compte que je ne suis qu’à 5 kilomètres de Foncebadòn. Ma décision est vite prise, 5 de plus tout de suite, c’est 5 de moins demain, c’est l’opportunité d’équilibrer trois étapes d’un coup, c’est la possibilité de m’extraire du gros de la troupe. Je repars. Le Chemin grimpe à travers la Lande, il fait grand soleil mais pas trop chaud. Je me régale une bonne heure avant d’atteindre mon but, à 1440m d’altitude.

Demain, je démarrerai par le franchissement d’un col à 1490m (marqué par la célèbre “Cruz de Ferro“) avant de plonger dans une descente abrupte de 4 kilomètres vers El Acebo.
Attention danger, comment vont réagir mes genoux ?

Vendredi 12 Juin 2009, cinquante quatrième étape.
Foncebadòn – Ponferrada
27,7km, 7h00 de marche.

Hospital de Òrbigo – Astorga

C’est, aujourd’hui, l’étape la plus courte du Camino Frances (16,5km). J’en profite pour rallonger ma nuit et me réveiller après 8h00. Si je respecte ma vitesse de 4km/h, je devrais arriver à Astorga aux alentours de 13h00. Petite journée et, donc, peu de chose à raconter. Première satisfaction, j’en termine avec les deux derniers kilomètres de Meseta plate comme la main. Ouf !… Puis, à partir de Villares de Òrbigo, je me lance dans le franchissement d’un vallonnement agréable entre des bosquets de chênes verts et des exploitations agricoles.
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Une ou deux photos en diraient plus que des lignes de texte. Malheureusement, ce matin, mon petit compact numérique n’en fait qu’à sa tête. Après avoir refusé d’enregistrer une image à la sortie d’Hospital de Òrbigo, il n’a accepté de graver que cette seule vue de Villares. Puis, plus rien jusqu’à Astorga, jusqu’à ce qu’il réponde normalement à l’une de mes nombreuses tentatives devant le palais épiscopal (œuvre d’Anton Gaudì). Comme pour la “Casa de Botines“ de Leòn, il est intéressant d’observer que le grand architecte Catalan n’a pas reproduit, dans cette région du Nord-Ouest, les formes végétales et molles qui firent son succès en Catalogne. Dans les deux cas, son dessin, d’inspiration néo-gothique, surprend tout autant que l’austère granit employé. Sans doute sa façon d’interpréter le patrimoine existant, de créer dans le respect de la culture locale, d’être impliqué dans son travail d’architecte.
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1 Représentation de Gaudì devant la “Casa de Botines“ à Leòn.
2 Casa de Botines, Leòn.
3 Palais Episcopal d’Astorga.
Il ne me reste plus qu’à trouver une boutique de photographe en espérant que mon problème se résume en une défaillance de la carte mémoire. Sinon, et ce serait ennuyeux, ce blog perdra beaucoup de son intérêt en ne publiant que des textes. Je croise les doigts.

Jeudi 10 Juin 2009, cinquante troisième étape.
Astorga – Rabanal del Camino
21,5km, 5h20 de marche.

Leòn – Hospital de Òrbigo

Réveil avant l’aube. Il est 6h00 et Leòn (la ville) dort encore quand je me mets en route. Le premier thermomètre lumineux rencontré indique 7°. J’ai d’abord cru que le chiffre des dizaines était en panne, mais non, il caille vraiment… L’extrême faubourg de La Virgen del Camino est atteint peu avant 8h00, un petit bar me permet de déjeuner et de me réchauffer. Un coup d’œil au cadran de ma montre me confirme que je suis bien le 9 juin en Espagne et pas le 9 mars en Belgique. Aujourd’hui, je vais arpenter pour la dernière fois la Meseta du Nord-Ouest avant de m’attaquer, demain, aux contreforts des monts de Leòn. Le paysage devrait changer radicalement. En attendant, j’ai encore le choix entre deux itinéraires, l’un qui suit l’omniprésente RN120, l’autre qui s’en éloigne et qui relie quelques gros bourgs agricoles. Refusant la mesquinerie, j’opte pour le Chemin le plus long (+3,6km) mais le plus calme.
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Et c’est parti !…
Entre Oncina de Valdoncina, Chozas de Abajo et Villar de Manzarife, le paysage est en tout point semblable à celui rencontré lors des étapes précédentes. Il est temps que je m’arrête dans le bar de Villar pour casser la croûte. Classique, je commande un sandwich et un soda.
Arrive un bon quintal Allemand, tout en rondeur, qui commande deux 1/2 litres de bière. Les pintes sont juste servies qu’entre un deuxième quintal, copie conforme du premier. Il se précipite sans rien dire sur la chope et part, avec, aux toilettes. Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire quand le teuton pressé ressort des “servicios“, toujours avec son verre à la main, mais à moitié vide. C’est ce qui s’appelle gérer, à flux tendu, la contenance de sa vessie.
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Le soleil réchauffe l’atmosphère, le ciel est parcouru par de beaux nuages pommelés et il ne me reste plus que 14km à couvrir en deux longues lignes droites égales. J’ai un peu mal aux pieds, mais je continue d’avancer au milieu d’un vaste réseau de canaux et de fossés, entouré de cultures parfaitement irriguées. Je fais un dernier effort pour me hisser sur la passerelle qui enjambe l’autoroute A20 et je redescends vers le célèbre pont romain d’Òrbigo, le plus long du Chemin.
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Bonne adresse pour ceux qui préparent leur Chemin: Auberge privée Nuestra Señora de Lourdes.

Mercredi 9 Juin 2009, cinquante deuxième étape.
Hospital de Òrbigo – Astorga
16,5km, 4h00 de marche.

Leòn, repos

Je profite de ma journée de repos pour vous présenter un personnage rare et attachant du Chemin.
Michel, Breton d’origine, est costaud. Il a plus de cinquante ans et a connu la cloche, quelques mois, dans les rues de Paris. Il aurait pu s’y perdre quand il prit connaissance du regain d’intérêt pour le “Camino frances“. Sans équipement, pratiquement sans argent, il descendit vers le Sud et mit ses pas dans ceux des marcheurs. Aujourd’hui, il vit sur les Chemins d’Espagne. Il y a quelques années, je l’aurais qualifié de cheminot (pas un agent de la Sncf mais un ouvrier qui parcourait la France pour louer ses bras). Il n’est plus Sdf.
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Il est plutôt discret et n’affiche pas son statut. Sur le Chemin il n’est qu’un pèlerin parmi tant d’autres. C’est en se rendant une première fois à Santiago qu’il apprit tout des fonctionnements de cette communauté. Il découvrit le réseau des auberges et choisit les moins chères, celles qui acceptent les dons (donativos). Chaque soir, il organisa des repas qu’il partagea avec des amis (employés, avocats, professeurs, médecins, cadres) qui auraient sans doute évité sa main tendue à la sortie du métro. Autour de la table, il se retrouva à égalité de temps de parole et récupéra toute sa dignité. L’une de ces rencontres du Chemin alla jusqu’à lui offrir ses chaussures, son sac à dos et son sac de couchage au terme de son voyage, repartant en tong, un sac plastique à la main.

Mais Michel travaille. À force de contacts (souvent sur le Chemin), il s’est constitué un carnet d’adresses dans toute la péninsule et organise ses déplacements en fonction des saisons. Il vendange dans la Rioja en septembre-octobre, donne ensuite un coup de main à un producteur de cidre en Galice avant de passer l’hiver en Andalousie pour y récolter les olives. Connu comme le loup blanc, il parle correctement Castillan et est apprécié par tous ses employeurs qui l’appellent régulièrement sur son mobile. Et le reste du temps, il vagabonde, découvre, rencontre, en s’appuyant sur les infrastructures du Chemin qui lui permettent, chaque soir, de bénéficier d’un lit, d’une bonne douche, d’une cuisine et souvent d’une machine à laver.

Michel a même rencontré un industriel qui, sensibilisé par sa personnalité, souhaitait lui proposer un emploi fixe. Mais après réflexion, Michel a refusé. Car même s’il sait que sa fin de vie risque d’être difficile (peu de cotisation retraite), il préfère la liberté de cette vie de nomade au confort d’une activité salariée.

Mardi 8 Juin 2009, cinquante et unième étape.
Leòn – Hospital de Òrbigo
36,0km, 9h00 de marche.

Mansilla de las Mulas – Leòn

Une promenade de santé, rien de plus.
Moins de 20 kilomètres et me voilà dans la capitale de la province de Leòn (la capitale de l’autonomie Castilla-Leòn étant Valladolid). Tout le long du Chemin, des slogans qui réclament la création d’une autonomie pour les pays de Leòn (une sécession d’avec la Castille) m’ont agacé. Depuis la fin du franquisme, toute l’Espagne est lancée dans une course à plus d’autonomie, à plus de reconnaissance des communautarismes régionaux. Et tant pis si ces choix augmentent l’inimitié et affaiblissent la solidarité entre les peuples de la péninsule (ex : conflit sur l’utilisation de l’eau de l’Ebre). Et tant pis si la gestion de l’argent public par les 17 parlements d’autonomie multiplie par autant les scandales de corruption et les détournements de fonds.
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Cartes postales de la cathédrale de Leòn.

Pour se détendre un peu, la direction du blog n’a pas hésité à contrer les offres mirobolantes des magazines Le Pèlerin, Hola !, Interviu, Voici et autres cochonneries sur papier glacé pour vous offrir ce magnifique portrait en situation de votre pèlerin préféré.
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Existe également en cible pour jeux de fléchettes et en photo-décor (mais si ce produit vous intéresse, nous vous invitons à vous assurer de votre état psychique avant de le commander, chaque commande, définitive, ne sera ni reprise, ni remboursée).

Lundi 8 Juin 2009, repos.
Leòn